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Le sous-marin "La Flore" - Type "Daphné"


 

Le blason de "La Flore"Le blason de "La Flore"

« Un sous-marin est l’engin le plus complexe construit par l’homme, qui regroupe dans le même espace minimal le maximum de choses qui ne doivent pas être en contact les unes avec les autres. »

La « Flore » est un sous-marin construit à Cherbourg à partir de 1958, et lancé le 21 décembre 1960. Il est le N° 5 de la série « Daphné » qui comptera 26 exemplaires en tout (11 pour la France et 15 pour divers autres pays) . Ces submersibles navigueront sous le pavillon français, mais aussi le Portugal, le Pakistan, l’Afrique du Sud, construits à Cherbourg, Brest et Nantes, mais aussi l’Espagne qui en fera construire 4 unités.

Les « Daphnés » sont des sous-marins d’attaque, à propulsion « classique » (électrique et diesel) d’une masse en surface de 870 tonnes (dont ils tirent le nom commun de « 800 tonnes ») et 1043 tonnes en plongée.

Long de près de 58 mètres pour une largeur maxi de 6,74m, avec un tirant d’eau de 5,25m, le submersible était prévu pour un équipage de 54 hommes en tout. Le navire est prévu pour une profondeur maxi de l’ordre de 300m.

Côté motorisation, le navire était équipé de deux moteurs électriques Jeumont Schneider de 580 kW reliés chacun à une ligne d’arbre.

Ces deux moteurs électriques étaient alimentés par des batteries rechargées par deux moteurs diesels suralimentés S.E.M.T. Pielstick, entraînant chacun une dynamo Jeumont Schneider qui fournissaient une puissance électrique de 450 kW.

La vitesse de plongée des « Daphnés » était aussi un point fort de ces submersibles. Elle pouvait atteindre 13 à 15 nœuds en plongée, pour 7 nœuds en surface.

L’autonomie est de 30 jours, et la distance d’action est de 4 300 milles (7 700 km)  « au schnorchel », c'est-à-dire en immersion avec le tube d’échappement en surface pour puiser de l’air frais.

Le temps de fonctionnement des Diesel  pour le rechargement complet des batteries est d’environ 8 heures. Mais un sous-marin en surface est vulnérable car facilement repérable. Le schnorchel permet donc de rester à l’immersion périscopique, et de procéder par des périodes de recharge plus courtes et répétées pour rester le plus discret possible tout en gardant des batteries en pleine charge.

La « Flore », comme les autres sous-marins de la série, disposait de 8 tubes lances torpilles de proue, et 4 de poupe, toutes d’un diamètre de 550 mm. Le système lance-torpilles, entièrement automatique, permettait de tirer à pleine vitesse et à la profondeur maximale de plongée.

La 1ere plongée (statique) de la « flore » a lieu dans la rade de Cherbourg le 23 janvier 1962, puis les mois et les années suivantes différentes missions d’entrainement et d’essais, tant pour l’équipage que le matériel.

Un sous-marin est composé de plusieurs centaines de milliers de pièces qu’il faut tester et éprouver car la moindre défaillance peut être fatale à la machine et l’ensemble de l’équipage.

La "Flore" sur son ber

Encore en période d’essai, d’octobre à novembre 1963, la Flore est équipée d’un système de tenue automatique de l'immersion, qui est éprouvé au large de Toulon, au profit des futurs SNLE type « Redoutable ». Il s’agit d’un système reliant des flotteurs fixés sur le pont à des appareils de mesures (entre autres) permettant de maintenir le sous-marin automatiquement et très précisément à une profondeur fixe, sans subir les variations de déplacement des masses d’eau. Ce système a une grande importance pour les SNLE, lors du tir de missile qui doit être fait à une profondeur donnée.

La « Flore » entre en service actif le 21 mai 1964 à Toulon, indicatif S-645, en étant affecté à l’Escadrille des Sous-Marins qui deviendra en février 1970 l’Escadrille des Sous-Marins de la Méditerranée.

En 1974 la Flore, en grand carénage à Toulon cette fois-ci, recevra un nouveau dôme d’étrave abritant le nouveau sonar DUUA2.La "coque épaisse" dans laquelle se trouve l'équipage et les zones vie et machines, assemblée à CherbourgLa "coque épaisse" dans laquelle se trouve l'équipage et les zones vie et machines, assemblée à Cherbourg

Au cours de sa carrière qui se passe essentiellement en Méditerranée la Flore participe à de nombreuses manœuvres et missions conjointes avec des bâtiments de surface, et ne fait que « passer » à Lorient pour la période de « grand carénage », qui consiste en une grande visite d’entretien et de révisions des installations et du bâtiment.

Plusieurs incidents viennent émailler la carrière du navire, ce qui reste classique mais peut avoir des conséquences graves sur un submersible.

En janvier 1968, le navire voit son bulbe d’étrave (le renflement à l’avant sous les tubes lance-torpilles) qui contient le sonar enfoncé, suite à un heurt, sans autre conséquence.

Par contre le 19 février 1971 un incident aurait pu avoir de graves conséquences : De l’eau de mer rentre par le schnorchel qui normalement doit permettre aux gaz d’échappements de sortir sans entrée d’eau. Résultat le compartiment est en partie inondé, les moteurs ne fonctionnent plus, alors que le submersible est en plongée périscopique (-12m)

Le poids de l’eau déséquilibre le navire, et l’entraine au fond, obligeant l’équipage à procéder au largage des plombs de sécurité. Il s’agit de lests fixés sous la coque, qui ont la possibilité d’être décrochés par un mécanisme. Le submersible se trouve allégé de plusieurs tonnes et remonte comme un bouchon à la surface (pour peu que le poids de l’eau soit inférieur aux lests évidemment ce qui nécessite une action rapide en cas de voie d’eau).

La Flore remontera à la surface, remorquée à Toulon et réparée pour reprendre la mer. D’autres modèles de la série connaitront ce type d’avarie due à un mauvais fonctionnement d’un clapet d’étanchéité du tube Schnorchel. Dans un autre incident, un « Daphné » embarquera 10 tonnes d’eau en 30 secondes, ce qui peut entrainer le submersible au fond.Grand carénage à Toulon en 1973Grand carénage à Toulon en 1973

Deux autres sous-marins de type Daphné subiront des avaries graves qui causeront leur perte corps et biens, sans que l’on sache précisément les causes de ces accidents, peut-être causés par le même problème.

Il s’agit de la « Minerve », qui disparaît brutalement le  27 janvier 1968, après un dernier message radio interrompu sans raison.. Après plus de 50 ans, et la volonté tenace des familles, l’épave sera retrouvée à près de 2350m de profondeur. Plusieurs hypothèses ont été évoquées sans avoir de cause identifiée clairement.

Le 4 mars 1970, « l'Eurydice » coule au large de St Tropez par 750 mètres de fond. L'épave sera retrouvée et  explorée en avril 1970, sans identifier clairement là aussi les causes du naufrage.

Le général Bigeard, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de la Défense, visite le Sous-marin Flore le 1er décembre 1975.

Au cours des différentes périodes de manœuvres, le 21 octobre 1986, la Flore torpille et coule  l’ancien escorteur rapide « L’Alsacien » (lancé le 26 janvier 1957 et désarmé le 1er septembre 1981).

Le 3 mars 1989 la Flore effectue sa dernière plongée, en Méditerranée, et rejoint Lorient le 29 mars. La dernière levée des couleurs a lieu le 19 mai 1989. Le submersible est mis en réserve, à flot dans la base de Keroman, ventilation maintenue pour la conservation du bâtiment.

Le 12 juillet 1995, la Flore est sortie de l’eau et mise au sec sur le slipway, en utilisant les installations d’origines allemandes, qui fonctionnent toujours parfaitement.  Le submersible est transféré dans l’alvéole N°1 en 1997, car le ber sur lequel la Flore se trouvait est rongé par la corrosion, et on crait que celui-ci cède sous le poids de la coque.

Une association se crée en 1995, le MESMAT (Musée de l'Escadrille des Sous-Marins de l'Atlantique) pour concrétiser le projet d’ouverture du sous-marin au public. Ce qui est fait après de nombreux travaux, avec la création d’uns partie scénographiée dans le bâtiment K II de la base sous-marine, à proximité de la Flore. Les membres de l’association continuent à entretenir et maintenir le submersible dans son état d’origine.

Le dernier sous-marin de classe Daphné à avoir navigué semble être le Barracuda (S164) de la marine portugaise, retiré du service en 2011, et transformé en musée à flot depuis.

 

Allez visiter « Lorient – la base » ainsi que la Flore, l’espace Éric Tabarly, flânez sur les terre-pleins, jetez un œil aux chantiers de construction des voiliers de courses etc…Vous ne le regretterez pas !

 

Merci à l'association MESMAT ainsi qu'à Mr Mousserion pour l'autorisation d'utiliser leurs documents.

Visite de l'intérieur de "La Flore"